Avant-propos

Tout commence en 1993, lorsque qu’un groupe de jeunes passionnés s’est réuni à la MJC de la Garenne à La Roche-sur-Yon. Ils ont rapidement intégré l’association Break Danse Yonnaise, fondée par leurs aînés Fabrice Priouzeau et Abdel Himeda, et ensemble, ils ont donné naissance à la compagnie S’poart en 1996. Parmi eux figuraient Pierre Bolo, Mickaël Le Mer, Cédric Malolepsry, David Normand, Nicolas Majou, et Kone Thong Vongpraseuth ainsi les deux fondateurs, qui ont donné naissance au collectif S’Poart. C’était le début d’un voyage artistique marqué par l’énergie du hip-hop et ouvert à de nombreuses influences artistiques et musicales, notamment les arts du cirque, la danse contemporaine, etc.

Entre 1996 et 2000, dans l’effervescence de la découverte de la breakdance et à travers les premiers spectacles tels que « SOBEDO », un conte hip-hop du Théâtre Contemporain de la Danse, ainsi que les spectacles d’Accrorap, le déclic a eu lieu lors des rencontres des cultures urbaines de 1999 à la Villette, un événement qui a marqué toute une génération de danseurs hip-hop en France. Dès lors, le collectif a ressenti le besoin d’explorer davantage la signification de leur art et de développer une démarche artistique. Le spectacle «Extra Luna» en 2002 a marqué les débuts majeurs de S’Poart sur la scène du Moulin des Roc, scène nationale à Niort. En 2006, la création de «In Vivo» a été une reconnaissance nationale et internationale pour la compagnie.

En moins d’une décennie, S’Poart est devenue une compagnie de danse hip-hop emblématique, contribuant ainsi à la transition de cette danse urbaine vers la scène, dans un contexte favorable à cette évolution. Les membres du collectif ont peu à peu affirmé leur propre identité artistique, contribuant à l’émergence d’une génération de chorégraphes hip-hop.

En 2005, après un parcours professionnel très riche auprès de la Cie Accrorap et bien d’autres, Pierre Bolo a quitté S’poart pour fonder la Compagnie Chute Libre avec Annabelle Loiseau sur Nantes. En 2009, Kone Thong Vongpraseuth a intégré la grande compagnie de cirque mondiale, le Cirque Éloïze. Peu de temps après, Nicolas Majou a rejoint la Compagnie Accrorap. David Normand a continué en tant que technicien plateau et lumière. Abdel Himeda est devenu administrateur de la Compagnie S’Poart, tandis que Fabrice Priouzeau et Cédric Malolepsry ont continué un temps avant d’arrêter. Depuis Mickaël Le Mer a pris la direction entière de la compagnie.

Après de longues années sur scène, Kone Thong Vongpraseuth créé enfin sa propre compagnie Kinnara.

Compagnie Kinnara

Après avoir exploré diverses avenues artistiques au sein de compagnies renommées, il a décidé en juillet 2023 de fonder sa propre compagnie, « Kinnara ». Cette décision, motivée par une profonde réflexion et une quête d’authenticité artistique, marque une nouvelle étape dans son parcours. 

Le choix du nom « Kinnara » trouve son origine dans la mythologie hindoue et bouddhiste ainsi que de ses propres origines asiatiques. Les Kinnaras sont des créatures célestes dotées de caractéristiques humaines et animales, souvent représentées comme des êtres mi-humains mi-oiseaux. Ils sont réputés pour leur beauté, leur harmonie et leur talent musical. Les Kinnaras sont souvent associés à la musique, à la danse et à la poésie dans les récits mythologiques, où ils sont décrits comme des artistes accomplis et des compagnons des dieux. Dans différentes traditions, les Kinnaras peuvent être représentés de différentes manières, mais ils incarnent généralement la grâce, l’élégance et la créativité artistique.

La création de « Kinnara » représente l’aboutissement de ses aspirations artistiques, lui permettant d’affirmer son identité et de poursuivre sa passion pour la danse avec dévotion. À travers Kinnara et avec le soutien d’une équipe professionnelle, il souhaite créer des œuvres originales, transmettre son savoir et son amour pour la danse, afin d’inspirer et de former la prochaine génération de danseurs.

Démarche artistique

Dans son parcours en tant que danseur et chorégraphe, Thong a collaboré avec divers artistes, exploré des esthétiques variées et interagi avec des publics diversifiés. Ces expériences ont enrichi son regard et ont contribué à forger son approche artistique, à la fois sensible et aiguisée.

Tout en restant fidèle à ses racines issues du battle hip hop et de la danse urbaine, il demeure constamment engagé dans une recherche continue du mouvement, de l’énergie, de l’émotion, de l’état, et de la mise en scène. Il s’efforce de créer des expériences esthétiques et émotionnelles tout en se mettant à la place du spectateur pour visualiser le résultat.

Les images et les rencontres du monde contemporain alimentent son imaginaire créatif. Thong prend plaisir à rêver, à imaginer et, dans son processus de création, il tente de donner forme et partager ces rêves de manière structurée.

Depuis 25 ans, Thong a forgé sa singularité dans le monde de la danse, en créant des œuvres artistiques et culturelles qui établissent une relation unique avec le public. Ses spectacles et performances adoptent divers formats (participatifs, pièces pour danseurs professionnels, solos, intérieurs ou in situ), mais ils partagent des lignes directrices claires :

  • Mettre en avant la forme humaine et l’expression du moment présent par la danse.
  • Partager l’expérience du danseur en tant que reflet du monde.
  • Susciter l’empathie du spectateur.
  • Interroger le rôle social de la danse en tant qu’espace de rencontre.

Toutes les pièces ont en commun :

  • L’utilisation de partitions-jeux pour guider l’interprétation, permettant ainsi aux danseurs de s’éloigner de la représentation consciente.
  • L’activation de souvenirs collectifs en utilisant des références musicales, littéraires ou cinématographiques, tout en explorant des dimensions poétiques inhabituelles dans un esprit proche du mouvement  pluridisciplinaire.
  • L’élément de jeu teinté d’humour second degré, qui est intégré au processus de participation du public, offrant ainsi plusieurs niveaux de compréhension dans les pièces participatives.

La danse est pour lui un langage primordial, préexistant aux mots. Elle offre une alternative d’expression pour ceux ayant des difficultés verbales. Dans nos ateliers, nous visons à donner un sens au geste, plutôt qu’à le reproduire de façon technique, en s’appuyant sur l’impulsion intérieure, l’histoire personnelle, et les émotions. Notre focalisation se situe sur les sensations, au lieu de l’apparence extérieure.

Nous utilisons les mots comme support pour stimuler l’imaginaire des jeunes danseurs, que ce soit par des verbes d’action, des émotions, des énergies, des images ou des sons. Les histoires, les anecdotes et les souvenirs sont autant de sources d’inspiration pour le mouvement, encourageant ainsi la créativité de chacun.

Sa démarche vise à mettre en avant la personnalité unique de chaque individu. Malgré des principes, des directives précis et sortir de sa zone de confort, chacun conserve sa liberté d’interprétation et la possibilité d’adhérer à sa manière.

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